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http://www.diploweb.com/p801afrique.htm 
 
Le monde arabe et l’Afrique  
Les défis du présent et du futur 
15-16-17 octobre 2003 
 
 
Bien que les relations arabo-africaines soient historiquement des plus enracinées dans la mémoire commune de leurs peuples, elles comportent plusieurs points communs non encore exploités des uns et des autres. Outre les intérêts communs au présent comme à l’avenir, les rapports interculturels et inter-sociaux sont dictés par des espaces géographiques et civilisationnels interactifs, ce qui en impose une réflexion nouvelle et critique sur ces rapports. 
Aussi supposons-nous que le dialogue entre les intellectuels arabes et africains débouchera sur les questions essentielles relatives tant au temps présent qu’à l’avenir, les problèmes, ambiguïtés et espoirs qu’ils mettent en scène. 
Le patrimoine, l’identité, le développement permanent et la mondialisation constituent aujourd’hui de véritables défis à la culture arabe et africaine. C’est pourquoi, vu la richesse de la culture arabo-africaine, de son patrimoine et de son passé militant, un dialogue sincère et sérieux, basé sur une vision critique mutuelle est à même d’ouvrir la voie à une appropriation productive et efficiente de la place importante qu’occupe l’espace arabo-africain et à une valorisation de sa place dans le monde. 
 
Axes du colloque : 
 
Patrimoine culturel et identité en Afrique et dans le monde arabe,  
La culture arabe et le rôle culturel de l’Afrique dans le monde,  
Des défis du présent (développement permanent, mondialisation...) aux perspectives du futur.  
Programme  
 
Mercredi 15 octobre 2003  
 
9h30 mn : La Séance inaugurale  
Cocktail de bienvenue  
 
Axe I : Patrimoine culturel et identité en Afrique et dans le Monde Arabe  
10h30 mn : la première séance sous la présidence de Monsieur Ibrahim Boutaleb. 
Avec la participation des professeurs : 
 
Ahmed Taouifiq  
Mahamoudou Ouedraogo  
Abderrahman Etaïb Al Ansari  
Youssef Mokhtar Al Amine.  
Débat  
 
Axe II : Communication culturelle entre l’Afrique et le Monde Arabe.  
16h : 2 ème séance sous la présidence de Monsieur Abdelmajid El Kaddouri . 
Avec la participation des professeurs :  
 
Afraâ Al Khatib : quelques exemples des relations et des interactions entre le Grand Sahara et le sud de la Péninsule Arabique dans les temps anciens.  
Babacar Néné Mbaye : Monde arabe et Afrique noire : quelle coopération en perspective ?  
Ali El Hadi Al Hawate : la communication culturelle dans l’espace arabo-africain : cas de l’Afrique du Nord.  
Mustapha Ouachi : l’Homme et son évolution entre l’Afrique et l’extrême orient.  
Débat  
 
Jeudi 16 octobre 2003 :  
 
Communication culturelle entre le Monde Arabe et l’Afrique  
9h30mn : 3ème séance sous la présidence de Monsieur Hilmi Chaâraoui. 
Avec la participation des professeurs :  
 
Mohammed Ben Mansour Fantar : Terre de l’arabité et Afrique Noire : un ancien dialogue  
Ahmed Choukri : les fondements et déterminants de la communication entre le Maroc et le Soudan durant le moyen âge.  
Fatima Al Harrak : la protection et mise en valeur des manuscrits arabes et étrangers En Afrique de l’ouest : un domaine vital de la coopération arabo-africaine.  
Hassan Essadiki : Aspects de la coopération entre le Maroc et l’Afrique sud du Sahara dans le présent.  
Débat  
 
Communication culturelle entre le Monde Arabe et l’Afrique 
16 h : la 4ème séance sous la présidence de Monsieur Omar Tir. 
Avec la participation  
 
Mohamed Ettahr El Jirari : l’héritage historique des rapports arabo-africains : cas de la Libye.  
Khadim Mbacké : Quelques aspects de la coopération culturelle arobo-africaine : le cas du Sénégal.  
Fatima Ejjamîi Lahbabi : la création littéraire un pont de rapprochement arabo-africain : exemple du romain Meryem Ba.  
Amadou Mahtar Mbow : Le monde arabe et l’Afrique : réflexions sur les facteurs qui favorisent la coopération arabo-africaine et sur les exigences de cette coopération.  
Débat  
 
Vendredi 17 octobre 2003  
 
Axe III : le Monde Arabe et l’Afrique : les défis du présent.  
9h30mn : la 5 ème séance sous la présidence de Ahmed Achoukri  
Avec la participation des professeurs : 
 
Hilmi Chaâraoui : problématiques de la polémique culturelle arabo-africaine dans le contexte de la mondialisation.  
Ali Ahmed Foulaîfel : les Arabes et les Africains face aux défis de la mondialisation.  
Mustapha Omar Tir : Mondialisation et approfondissement des disparités entre les sociétés : cas des arabes et des africains.  
Ousmane Batoko : « Mondialisation et solidarité arabo-africaine ».  
Débat  
 
Axe IV : Le Monde arabe et l’Afrique : perspectives de l’avenir : 
16h : la 6 ème séance sous la présidence de Monsieur Abdel Ahad Sebti  
Avec la participation des professeurs :  
 
Samir Amine : Le liberalisme et l’Afrique  
Boubacar Barry : La victoire de la caravelle sur la caravane : quel destin pour l’Afrique ?  
Abdellah Essaîd Ould Bah : les relations arabo-africaines : les dimensions stratégiques.  
Babacar Sall : Ankh : une initiative pour relever un défi.  
Débat  
 
Clôture des travaux.  
 
http://www.minculture.gov.ma/fr/rabatlemondearabeetafrique.htm 
 
L'Islam dans le retard de l'Afrique  
 
 
Aujourd'hui, dans le sillage de certains nationalistes africains, très influencés par les protagonistes de la Négritude, de nombreux intellectuels africains, y compris musulmans, développent des thèses assez critiques sur la rencontre entre l'islam et les Africains.Ainsi, l'intellectuelle guinéenne, Aminata Barry , lie le retard économique du continent africain à ce qu'elle appelle l'action « néfaste » des « prosélytes arabes » au même titre qu'elle considère le colonialisme et sa dimension capitaliste comme étant à l'origine des maux dont souffre l'Afrique.  
 
 
 
 
Aujourd’hui, dans le sillage de certains nationalistes africains, très influencés par les protagonistes de la Négritude, de nombreux intellectuels africains, y compris musulmans, développent des thèses assez critiques sur la rencontre entre l’islam et les Africains.Ainsi, l'intellectuelle guinéenne, Aminata Barry[1], lie le retard économique du continent africain à ce qu’elle appelle l’action « néfaste » des « prosélytes arabes » au même titre qu’elle considère le colonialisme et sa dimension capitaliste comme étant à l’origine des maux dont souffre l’Afrique.  
 
 
Dans la partie de son ouvrage où elle traite des « méfaits de l’islam » en Afrique, il y a un mélange d’un profond sentiment de désaveu et d’une attitude, pour le moins complexe, de réserve face aux thèses préconisant une islamisation en douceur : « Bien que combattu en Afrique noire, l’islam triompha. Son admiration par les Noirs et le manque d’unité de ces derniers facilita cette victoire. En dépit de fortes résistances isolées, l’absence d’un combat unitaire des Noirs contre les Arabes a marqué leurs faiblesses face à l’islam »[2].  
 
Ce nouveau courant présente l’islamisation comme un vrai diktat auquel les Africains se sont soumis : « Soutenu par un fanatisme religieux et économique, l’islam ne se négociait pas. En conséquence, la religion musulmane s’imposa largement en Afrique de l’ouest et déborda sur le centre »[3].  
 
Sa démarche rappelle, sur plusieurs plans, celle des tiers-mondistes que la passion de la lutte anti-impérialiste poussait à des constructions nourries d’éléments, certes, historiquement valides, mais malicieusement utilisés pour étayer des positions très souvent idéologiques. Ainsi, pour pouvoir, plus aisément, aboutir à la conclusion selon laquelle l’islam ou l’islamisation de l’Afrique, au même titre que l’intrusion coloniale, a été à l’origine de la déségrégation politique de l’Afrique – à la quelle le nationalisme devrait remédier ! -, A. Barry adopte la démonstration suivante : « Pour des raisons religieuses, les relations commerciales se dégradèrent et se transformèrent en conquêtes. Aux guerres des Arabes contre les Noirs, se substituèrent les conflits entre les ethnies africaines (opposition des rois soumis aux rois non soumis). Résultat : les empires furent détruits, désarticulés pour se reconstruire au fil du temps jusqu’à l’arrivée des premiers Portugais au XV ème siècle sur les côtes atlantiques. Le principe de diviser pour régner n’est donc pas une invention européenne. […] L’islam est à l’origine des guerres fratricides et des premiers sanglots en Afrique noire. Plus jamais les Noirs ne retrouveront l’unité face à l’agresseur commun (arabe et négrier blanc). Cette incapacité à s’unir leur est fatale ».[4] 
 
Cette vision nous semble très sélective. Elle obéit à une logique qu’on pourrait qualifier de rejet par occultation. L'islam a été accueilli par les Africains dans une période critique de leur histoire, mais ils l'ont, ensuite, adapté à leur univers et selon leurs besoins existentiels ; ce qui constitue un apport local et spécifique à ce dogme dans son tempérament oriental.  
 
Dans ce contexte subsaharien, contrairement aux idées reçues, l'intégration culturelle, par le biais de l’islam, n'a pas occasionné la désintégration des cultures comme cela était manifeste dans le projet colonial conformément au principe d''assimilation du colonisé'.  
 
L’anthropologue togolais, A. Ekué, conclut, dans cette longue citation, en insistant sur le fait que, dans ce débat, tout dépend du sens qu’on donne à la notion de « culture ». Est-ce un moyen utilitaire de favoriser l'identitaire ou l'essentialisme ou celui d'inscrire les particularités dans la globalité universelle des valeurs simplement humaines ? : 'Que la culture soit soumise à des influences extérieures, nous dit Ekue Adamah, c'est le contre coup de son ouverture aux autres'.  
 
Il achève sa démonstration par une série de maximes qui méritent d'être méditées : 'Pour nourrir les autres civilisations de sa propre sensibilité, il faut s'ouvrir à ces civilisations. Pour s'ouvrir aux autres il faut accepter de recevoir quand on donne. L'authenticité qui serait la fermeture d'une culture aux autres, risquerait, en définitive, de provoquer une implosion'.[5] C'est qu'en fonctionnant avec une éternelle dialectique, chère aux marxistes, avec la seule vision dominatrice et aliénante du religieux, on aboutit à une négation de l'universel dans la culture et encourage son instrumentalisation qui en occulte la portée humaine.  
 
Ekué Adamah critique, de manière acerbe, une telle vision et en arrive à la remarque suivante : 'Il n'y a de culture authentique que de culture qui, tout en tirant son originalité et sa force du terroir nourricier et de la sensibilité commune, doit traduire des préoccupations particulières et des valeurs universelles sous peine de l'empêcher de rayonner ou d'irradier'[6]. Ce qui distingue l'interpénétration de l'islam et des cultures africaines, contrairement aux tenants d'une acculturation unilatérale et dominatrice, est cette ré-interprétation du dogme, par rapports aux besoins locaux. C'est ce que résume le concept d' 'intégration stable et harmonieuse'. La réalisation d'un tel procédé dans une culture qui conserve son originalité et ses caractères essentiels est, selon lui, 'l'un des résultats souhaitables mais rares du processus d'acculturation'.[7]  
 
 
 
La langue arabe a acquis le statut qui est le sien dans le cadre de ce processus. Elle profitera de la place et du rôle de l'islam dans la société sénégalaise.  
 
L'islam a largement bénéficié de deux facteurs principaux. D'abord, son introduction dans cette région s'est faite de manière quasi-pacifique par le biais du soufisme, soutenu par les liens commerciaux et culturels ; ce qui, socialement, fait défaut au christianisme, toujours considéré par les autochtones comme la religion du colonisateur. Ensuite, voulant en faire une alternative culturelle au modèle colonial, les marabouts ont essayé de modeler l'islam et son dogme afin de mieux les insérer dans le système de valeurs originel.  
 
Le travail des chefs religieux aura comme objectif majeur de contrer l''œuvre civilisatrice' coloniale venue nier aux Africains toute identité préexistante à la conquête. En procédant à une revalorisation de la culture locale en en islamisant le contenu, les apôtres de l'islam 'noir' allaient, en même temps, promouvoir la religion musulmane et, sans doute, la langue arabe.  
 
L’islam sera, pour eux, source d'une identité nouvelle, fruit d'une imbrication entre des valeurs traditionnelles et des préceptes de la nouvelle religion. De ce fait, on oubliera, très vite, son origine 'étrangère' et s'attachera plus à son efficacité symbolique.  
 
La religion musulmane sera, au besoin et selon les enjeux, brandi comme étendard identitaire. Sa force par rapport au modèle culturel colonial, préconisant le mythe de la tabula rasa, sera cette manière dont il se fit accepter en s'harmonisant avec les valeurs locales. L'arabe qui permit l'accès à son enseignement, à ses principes fondamentaux, et aux rudiments de la grande civilisation qu'il véhicule, fut élu langue de référence. C'est là l’origine de la sacralisation dont elle fait l'objet chez les populations converties. L'histoire de toutes les rencontres entre populations et cultures montre que le processus de conversion n'a jamais été unilatéral: lorsqu'une population se convertit à une religion, la religion ne sortira jamais 'indemne' du brassage, elle en porte – d'ailleurs de manière salutaire – les marques indélibiles. Aussi, avec le renouveau islamique qui secoue certains pays, il ne faudrait pas que le débat sur l'islam devienne l'apanage des seuls religieux. Un échange entre intellectuels arabisants et élites francophones pourrait aider à dépassionner et à normaliser l'étude crique de la réalité islamique au sud du Sahara. Le modèle ne doit pas toujours venir du nord du Sahara ! La place et le rôle des Etats africains au sein des organisations panislamiques comme l'OCI sont là pour le prouver. 
 
Il serait intéressant, aujourd'hui, de mener une profonde réflexion autour de cette fascination de la langue du Coran et évaluer son impact sur le regard africain sur l'islam ainsi que le rôle et la place du continent dans ce qu'il est convenu d'appeler la oummah islamique. il est certain que l'apport de l'Afrique noire au débat sur l'identité musulmane et ses implication dans la contruction de solidarités transnationale ne peut être que très enrichissant. Le continent noir a su produire une expression propre de l'islam basée sur les valeurs de tolérance et de coexistence pacifique. En somme, tout ce qui peut contribuer à mettre en avant un esprit de dialogue inter-religieux, afin de redorer le blason d'une religion souvent victime de ses franges extrémistes et lui permettre de réinvestir le champ de la pensée critique qu'elle a pourtant bien défriché. 
 
 
 
 
 
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[1] - Barry, A. : l’Afrique sans le capitalisme , Ed. T.S. Zed & Harris, Collection « Points de vues », 1996 
 
2]- Barry, A: ibid, p.96. 
 
[3] - Barry, A. , ibid, p53 
 
[4] - ibid, p53. 
 
[5] - in Colloque : Afrique et la culture arabo-islamique. Publications de l'ISESCO, p. 152 
 
[6] - Ekwé, A, ibid, p154. 
 
7] - Ekwe, A : ibid p152. 
 
 
 
Lundi 29 Mars 2004 
Sambe Bakary 
 
 
 

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Modifié en dernier lieu le 23.11.2006
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