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Sahel ( sub sahara )

Le Niger expulse 100.000 Arabes Mahamides vers le Tchad 
 

 
 
Le Niger, las des tensions avec les arabes Mahamides des frontalière désertique de Diffa a annoncé qu’il en expulserait 100.000. L’expulsion se fera à pieds, jusqu’à la frontière tchadienne, sous le contrôle de militaires et concernera tous ceux qui ne pourront présenter de papiers en règle. 
Mounkaila Modi, le ministre de l’Intérieur nigérien explique que la communauté mahamide (comprenant 50.000 à 150.000 âmes), principalement éleveuse de chameaux et de bétail, qui a fui il y a plusieurs décennies la sécheresse et l’instabilité politique tchadienne, «détient des armes à feu et menace quotidiennement les populations autochtones». 
Les conflits entre Arabes, Peuls et Toubous trouvent leur source dans le partage des points d’eau. Par ailleurs quelques groupuscules touaregs, arabes et toubous entretiennent l’insécurité dans ces régions. «On n’arrête pas les criminels, pas les coupeurs de route, mais on va expulser des citoyens nigériens» selon Siyelim Ben Hameda, député arabe originaire de la région. 
Ainsi donc ce que le gouvernement français n’est pas capable de faire, c’est à dire renvoyer dans leur pays natal des personnes venues illégalement dans nos contrées ou celles ayant eu affaire à la justice (crimes, violences, viols, etc.), tant les intentions politiques en la matière sont floues et contradictoires, tant les associations droit de l’hommistes mettent la pression, tant les medias nous présentent ces mesures comme inhumaines (sans cependant proposer d’alternative), les Nigériens le font, sans états d’âme. 
 
28/10/06  
NIAMEY (NOVOpress) 
 
http://www.orientalement.com/p192-l-amour-entre-l-african-noir-et-l-arabe-musulman.html 
 
 
 
Parler l'arabe en Afrique Noire, le cas du Sénégal.  
 
 
La sacralisation de la langue arabe a contribué à l'expansion de l'islam et vice versa. Avec la colonisation française, l'enseignement de cette langue, son usage, ainsi que sa promotion vont se muer en véritable enjeu politique. Ne concernant qu'une certaine élite - princes et riches commerçants – et marginal à ses débuts, la conversion des Africains à l'islam, connut un accroissement exponentiel dès les premières années de la conquête coloniale française.  
 
 
 
 
La sacralisation de la langue arabe a contribué à l'expansion de l'islam et vice versa. Avec la colonisation française, l'enseignement de cette langue, son usage, ainsi que sa promotion vont se muer en véritable enjeu politique. Ne concernant qu'une certaine élite - princes et riches commerçants – et marginal à ses débuts, la conversion des Africains à l'islam, connut un accroissement exponentiel dès les premières années de la conquête coloniale française.  
Dans le cadre précis du Sénégal, résister à la colonisation signifiait aussi un rejet de la culture qu'elle véhiculait et forcément la langue qui en était le support : le français.  
 
Après l'effondrement des résistances armées menées par la chefferie locale Ceddo, ce sont les marabouts qui prirent le relais. Leur résistance sera, plutôt, d'ordre culturel ; un moyen de trouver une alternative à la politique d’assimilation menée par le colonisateur, pour ne pas y céder. Dans ce contexte, l'arabe va être, pendant longtemps, privilégiée par les lettrés musulmans, d'une part, en ce qu'elle est la langue du Coran et, de l'autre, par son côté alternatif et libérateur du joug - au moins culturel et linguistique - colonial.  
 
Le français, quant à lui, avait du mal à se débarrasser de son étiquette de langue de la colonisation, avec tout ce que cela impliquait pour son image. Tourner le dos à la langue française avait, alors, deux significations, politique et religieuse : résister à une domination culturelle et affirmer sa foi en l'islam.  
 
Pour mieux comprendre cette attitude, rappelons que la langue française est longtemps restée un symbole de domination culturelle. Cela a fini par être la cause d'amalgames, loin d'être naïfs, sur le plan linguistique. Ainsi, 'français' se dit en Wolof 'nasarân' (de l'arabe nasrânî = nazaréen, chrétien ). Dans les perceptions, le français était conçu comme étant aux antipodes de la religion musulmane. La langue arabe, elle était devenue un refuge et une alternative à la colonisation et à sa politique culturelle basée sur le principe d'assimilation de l’indigène. Ce phénomène était beaucoup plus perceptible en Afrique noire francophone. A la différence des Anglais qui avaient opté pour l’indirect rule, sans aucune volonté de façonner culturellement colonisé, la France a toujours cru être investie d’une mission « civilisatrice » qui passerait obligatoirement par l’assimilation des peuples sous sa domination. 
 
Ainsi, en refusant la domination de la langue et de la 'culture française', les Sénégalais, surtout musulmans, ont donné libre cours à une autre : celle de la langue arabe support de la 'civilisation musulmane'. Cependant, se considérant comme membre à part entière de la ‘Ummah islamique, cette communauté d’identification transnationale, ils sont, peut-être, moins conscients des effets de cette autre domination incorporée, ou, en tout cas forte influence sur les cultures locales.  
 
Tout était fonction des perceptions, des visions et des enjeux de l'heure. cependant, il ne faudrait pas perdre de vue les antécédents historico-culturels ayant favorisé la promotion de l'arabe et facilité son adoption par les Noirs africains musulmans. 
 
Le commerce transsaharien qui s'est développé dès le Moyen-Age se servait de l'arabe et de son alphabet pour faciliter les échanges entre commerçants africains et arabes. D'ailleurs, Khalîl al-Nahwî, remarque que l'impact de l'arabe sur les langues africaines est plus sensible dans le champ lexical du commerce (poids, mesures, temps etc.), ou encore de la perception, forcément religieuse, du monde et de l'univers. Il en sera, largement, de même pour le vocabulaire religieux ; l'arabe étant la principale sinon la seule langue liturgique des Musulmans. Ce fait sacralisant sera certainement à l'origine de l'importante production littéraire en arabe et en ‘ajami (textes en langues locales transcrites avec l'alphabet arabe enrichi de signes diacritiques pour les sonorités étrangères à l’arabe). Les chefs religieux sénégalais ont rédigé en arabe leurs odes apologétiques dédiées au prophète Muhammad, comme il est d'usage dans la tradition soufie. D'autres marabouts, par un souci de vulgarisation de l'islam et de son message, ayant une parfaite intelligence de la société sénégalaise et de son mode de fonctionnement, vont être plus créatifs.  
 
Bien que maîtrisant, parfaitement les règles de la prosodie arabe (al-'arûd) et ses mécanismes, des cheikhs vont produire d’importantes œuvres en wolof transcrites avec l'alphabet arabe. Cheikh Moussa Kâ, disciple de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie des Mourides, en était l’un des plus remarquables. 
 
Dans les travaux effectués par Saliou Kandji et Vincent Monteil[1], en répertoriant les mots empruntés à l'arabe dans les parlers locaux, on note la prédominance du vocabulaire religieux et des termes ayant trait à l’existence et à l’univers. Si nous avons fait ce détour, c'est pour essayer d'expliquer le caractère sacralisé de l'arabe, en tant que langue et civilisation, chez les Sénégalais. Cette conception sera déterminant dans le débat ou querelle idéologique sur le rapport de l’Africain à l’islam ainsi que sa place dans cette communauté transnationale. 
 
 
[1] - Le laboratoire d’islamologie de l’IFAN détient d’innombrables manuscrits de ce type. 
 
Lundi 29 Mars 2004 
Sambe Bakary 
 
Analyse 
Le Maghreb, espace d'immigration, par Catherine Simon 
LE MONDE | 14.12.06 | 14h38 • Mis à jour le 14.12.06 | 14h39  
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'est un phénomène nouveau : de plus en plus de migrants africains subsahariens arrivent sur le sol maghrébin et, faute de pouvoir franchir les portes d'une Union européenne qui tente de verrouiller ses frontières, s'y installent. Le géographe algérien Ali Bensaâd a organisé, début novembre à Marseille, un colloque sur ce sujet sous l'égide de l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Iremam, université de Provence). L'occasion de voir apparaître une nouvelle vague de chercheurs algériens, tunisiens et marocains qui s'intéressent aux migrations transsahariennes. Aux yeux de M. Bensaâd, la période qui s'ouvre est une "aubaine" pour la recherche maghrébine. 
 
 
 
Une fois n'est pas coutume, la plupart des intervenants au colloque de Marseille étaient originaires de la rive sud de la Méditerranée, rompant, par leurs contributions parfois novatrices, avec un débat hexagonal souvent borné par son caractère académique ou militant. L'évolution des migrations n'intéresse pas seulement l'Union européenne, comme le miroir déformant des événements de Ceuta et Melilla, à l'automne 2005, a pu le laisser penser. Pour le Maghreb aussi, l'enjeu est d'importance.  
 
On estime à "au moins 100 000" le nombre de migrants subsahariens qui vivent aujourd'hui en Algérie et en Mauritanie, à "un million, voire un million et demi" ceux qui sont installés en Libye, et à "plusieurs dizaines de milliers" - un chiffre plus limité, mais en "augmentation" constante -, ceux qui se trouvent au Maroc et en Tunisie, a rappelé Hein de Haas (université d'Oxford), dans un article récemment publié sur le site du Migration Policy Institute de Washington. 
 
C'est en Tunisie et au Maroc, au début des années 2000, que les premiers projets de recherche sur ce sujet ont été lancés. Aux travaux des pionniers maghrébins, Hassan Boubakri pour la Tunisie, Mehdi Lahlou ou Abelkrim Belgendouz pour le Maroc, s'ajoutent aujourd'hui ceux de la juriste tunisienne Monia Benjemia (université de Tunis) - qui a présenté, à Marseille, une analyse de la loi tunisienne de 2004 sur "la répression des migrations clandestines" dans son pays - ou du jeune sociologue marocain Mehdi Alioua (université de Toulouse Le Mirail), pour qui l'installation de ces migrants subsahariens "induit de nouvelles définitions de soi et donc de nouvelles hiérarchies sociales" au sein des sociétés d'accueil. 
 
Un accueil souvent rude, comme le démontre l'enquête réalisée à Alger par le psychologue Noureddine Khaled (université d'Alger) : 30 % des immigrés interrogés pensent qu'on les considère comme des gens "misérables", près de 20 % comme des "esclaves" et 12 % comme des "sous-hommes". Cette étude est "une première au Maghreb", souligne M. Khaled, dans la mesure où, "jusque-là, c'est surtout le volet sécuritaire et policier" qui était mis en avant. 
 
Au-delà de cette enquête, qui fait partie d'un programme financé par l'Union européenne, "il s'agit de sensibiliser les immigrés sur les risques du voyage et les autochtones sur cette présence qui va être de plus en plus importante et fixe", prédit l'universitaire algérien. 
 
Si la présence de ces migrants est devenue un "fait d'évidence sociale" dans la plupart des grandes villes du Maghreb, elle n'en reste pas moins un sujet "tabou", souligne la médecin-psychiatre marocaine Ghita El Khayat. Au même titre, avance-t-elle, que la traite négrière et les "atrocités" qui l'ont accompagnée, et que les sociétés arabes, "extrêmement racistes et xénophobes", continuent à " refuser de reconnaître". Le sociologue algérien Salah Ferhi (université du Québec à Montréal) a étudié la répartition du travail dans la ville algérienne de Maghnia, située près de la frontière marocaine : les immigrés, originaires du Mali et du Sénégal pour la plupart, vivent en "ghettos" et sont utilisés dans l'agriculture ou le bâtiment, tandis que "les locaux font de la contrebande, activité nettement plus lucrative". 
 
 
CYNISME POLICÉ DE L'EUROPE 
 
 
Selon M. Ferhi, "entre janvier 2002 et la fin du premier semestre 2006, autour de 35 000 Subsahariens ont été reconduits aux frontières" par les forces de l'ordre. Le chercheur algérien s'étonne, d'ailleurs, de la volte-face des pays européens, qui, dans le passé, ont "critiqué les refoulements" d'immigrés africains et qui, désormais, "payent les pays du Maghreb pour le faire". 
 
Au cynisme policé de l'Europe, le Maghreb opposerait une forme de "résistance", relève Ali Bensaâd, tant il est "convaincu de constituer une zone de transit vers l'Europe et de recevoir des migrants dont il n'est pas le destinataire", explique la juriste Delphine Perrin (Iremam). Pour M. Bensaâd, à qui l'on doit les premières enquêtes de terrain sur les migrations transsahariennes dans le Sud algérien, "l'effet de nasse" qui caractérise la situation des migrants noirs africains immobilisés au Maghreb - du fait, notamment, de la politique de fermeture des frontières de l'Union européenne -, est en train de transformer l'Afrique du Nord "en espace d'immigration". 
 
C'est le cas de la Libye, qui reste hélas peu accessible. Les seules informations dont on dispose, tirées des rapports des délégations de la Commission et du Parlement européens, envoyées en mission dans ce pays, laissent entrevoir les conditions, parfois épouvantables, faites aux migrants subsahariens. L'ampleur des pogroms anti-Noirs, dont la République du colonel Mouammar Kadhafi a été le théâtre en septembre 2000, reste à ce jour encore difficile à mesurer : les estimations les plus basses font état de "50 morts environ", les plus hautes évoquent "entre 100 et 500 tués" parmi les immigrés africains. 
 
Habitué à n'avoir qu'un seul axe de confrontation, celui qui le lie au Nord et l'en sépare tout à la fois, le Maghreb va devoir changer son regard sur lui-même. C'est du moins ce que pense M. Bensaâd. "Certains conforts ne sont plus possibles", assure l'universitaire algérien, qui espère que ces révolutions encore peu visibles "vont acculer" les chercheurs maghrébins "à sortir de l'ambiguïté, celle de leur lien à l'Etat et à la société, notamment". 
 
Sans doute est-il "trop tôt" pour parler d'une nouvelle génération de chercheurs, tant l'actuel vivier est "hétéroclite", module Mehdi Lahlou. "Le Maroc, ajoute-t-il, est aujourd'hui le seul pays où l'on peut travailler normalement, sans risques de représailles pour les personnes interrogées ou pour les chercheurs". S'il y a "aubaine", la porte est étroite... 
 
Catherine Simon  
 

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Modifié en dernier lieu le 14.12.2006
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